Interview / Augustin Kassi, promoteur de la Biennale internationale des Arts d’Abidjan : « Notre combat, faire de la Côte d’Ivoire une plateforme picturale mondiale »

Concepteur et promoteur de la Biennale internationale des Arts d’Abidjan, qui sera à sa 8ème édition du 7 novembre au 22 décembre 2024, Augustin Kassi, grand maître mondiale de la peinture prépare, avec minutie, cet événement qui bien que pictural affiche le côté touristique. Dans son antre à Cocody-Aghien, nous l’avons rencontré pour nous imprégner des travaux en cours et aussi des réalités de cette organisation majeure, susceptible de faire de la Côte d’Ivoire, une plateforme mondiale de la peinture.

Dans votre calendrier, l’une des activités majeures de cette année est l’organisation de la 8ème édition de la Biennale internationale des Arts d’Abidjan. Pouvez-vous nous instruire sur ce grand rendez-vous artistique ?

Pour le compte de l’année 2024, des activités majeures nous concernant y figurent. Une qui vient de finir, qui nous a conduits au Nigeria au mois de février sur 15 jours. Nous y sommes allés avec des artistes francophones du Bénin, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, de la Côte d’Ivoire et du Togo. Cette activité a consisté à participer à un workshop (atelier) dénommé : « Harmattan », et qui est conduit par le doyen Bruce Onobrakpeya, artiste nigérian de renommée mondiale, âgé de 91 ans, qui a mis cette activité en place, il y a de cela 26 ans. J’y étais à la 25ème édition l’année dernière (2023 : ndlr) et cette année, il m’a délégué pour les pays francophones. J’ai pu convaincre 13 artistes pour nous rendre dans la région de ce grand maître, le Delta du Niger, où durant 15 jours, nous avons participé à cette activité majeure. La dernière activité principale qui reste à exécuter et qui focalise toute mon attention et celle de ceux qui sont à mes côtés, est la 8ème édition de la Biennale internationale des Arts d’Abidjan, autrefois appelée : « Biennale des Arts naïfs ». En effet, depuis des années au vu de nos ambitions, elle s’est mutée en Biennale internationale des Arts. L’édition de cette année aura lieu du 7 novembre au 22 décembre 2024. Elle rassemblera comme d’habitude des pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe. Nous sommes au début de notre préparation, donc rien n’est encore totalement arrêté, mais ce qui est retenu, c’est que nous aurons le Nigeria comme pays invité.

Ce genre d’activités est très coûteux, avez-vous les ressources nécessaires pour son accomplissement ?

Je n’ai jamais eu les ressources nécessaires pour organiser les différentes éditions de cette biennale. Depuis 1998 que l’activité a été créée, malheureusement je l’ai conduite presque toujours seule. Ce qui m’a posé d’énormes problèmes. Mais je l’ai maintenue, parce que c’est un combat que je dois mener et gagner pour donner valeur à un art assez ignoré de la plupart des personnes, que l’on appelait abusivement art naïf. Je crois qu’à partir de la 5ème édition, nous avons pu rallier beaucoup de personnes à notre cause. Ce qui nous a permis de tendre la main aux autres arts, et cela nous a conduits à la fusion des différents styles depuis l’année dernière, pour arriver à la Biennale des arts à Abidjan. Si nous voulons attendre qui que ce soit avant d’avoir tous les moyens nécessaires pour conduire ce projet, nous ne pourrons jamais évoluer. C’est maintenant que les galeries foisonnent à Abidjan, car à l’époque il n’y en avait pas. Les rares galeries qui existaient ont été fermées à cause des crises successives. Il fallait donc que nous, artistes, puissions-nous débrouiller pour nous maintenir. C’est grâce à ces rencontres, qui ailleurs sont organisées par l’Etat ou des grosses structures, que nous nous sommes assignés la mission de pouvoir faire en sorte que nous ne mourrons pas.

Quel est le contenu de cette biennale ?

Son contenu affiche des ateliers pour jeunes d’Abengourou, principalement du Conservatoire régional des Arts et métiers et le Centre de peinture artistique Charles Bieth, cette école qui m’a formée. Nous devions aussi former des jeunes à Adzopé, où un collègue et non des moindres se bat pour l’évolution de l’art dans sa région. Ce qui nous réconforte en ce moment, c’est que nous avons pu cette année faire travailler tous les services d’Etat de la commune d’Adzopé, notamment la mairie, les Eaux et forêts, etc., et nous allons reconduire cela. Nous aurons un grand workshop international et différentes expositions, dont la principale est le salon officiel, avec le Nigéria le pays invité, qui sera présent avec sa sommité en matière de peinture. La biennale internationale des Arts d’Abidjan est pour le moment principalement picturale. C’est-à-dire qu’elle concerne uniquement la peinture. Ce qui signifie que nous n’allons pas faire cas de la photographie, de la sculpture, ni d’autres formes d’art que toutes les différentes sortes de peinture.

Outre son côté pictural, la biennale renforce le secteur touristique. L’Etat subventionne-t-il cette activité qui donne une autre dimension à la Côte d’Ivoire ?

Franchement, il faut dire que quand nous organisons cette activité, nous y incluons le volet ‘’découvertes’’, qui consiste à voyager avec nos visiteurs pour les amener à découvrir des choses exotiques à leurs connaissances. Nous le ferons encore cette année à travers la découverte en profondeur du pays. Concernant la partition de l’Etat, il faut souligner que madame le ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck, nous a fait l’honneur de répondre à notre sollicitation d’avoir l’institution comme partenaire officiel et sa personne comme marraine de l’édition. Nous prions Dieu pour qu’il fasse que notre appel soit entendu aussi par d’autres organisations et sommités, afin que nous puissions réussir cette 8ème édition. Parce que c’est un travail qui est un peu comme la Coupe d’Afrique des Nations (Can), que nous venons de vivre. Et qui contribue à donner de la visibilité et de la promotion à la Côte d’Ivoire. Nous souhaiterions que par le canal de la biennale, notre pays accroisse sa visibilité, pour lui donner une autre attractivité. Nous sommes au début de l’organisation et nous osons espérer à travers des approches, que les décideurs, notamment le ministère du Tourisme, des institutions et autres, nous aideront dans notre combat de faire de notre pays une plateforme picturale, voire artistique sous toutes ses formes. J’invite à cet effet tous ceux qui expriment le désir d’apporter leur pierre à la construction de l’édifice Art de la peinture, de nous épauler, pour qu’ensemble nous réalisions ce rêve.

Clément Koffi

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