Après des réflexions bien menées, les experts et gouvernants ont décidé de se référer, dans l’urgence, à l’économie circulaire, qui fait partie du champ de l’économie verte. Comme premier avantage, ce nouveau modèle de production répond au souci de combler la raréfaction des ressources. Dans son procédé, l’économie circulaire est une boucle salvatrice faisant désormais des déchets, des matières premières à valoriser. Contrairement à l’ancien modèle d’une société du tout jetable, dit linéaire, qui affiche le concept produire, extraire, fabriquer, consommer et jeter, le nouveau modèle (circulaire) s’inscrit dans la logique, produire, utiliser, recycler et réutiliser. Ce qui conduit à la conclusion que rien ne se perd, tout se régénère dans ce désormais cycle vertueux.

Le tournant ivoirien

Alors que la mode est à l’économie circulaire, il faut souligner que ce système n’est pas nouveau en Côte d’Ivoire. En effet, ses traces se retrouvent dans l’industrie plastique, l’imprimerie et la peinture. Les phénomènes « Samara-kolo », « fani-kolo » et « nêguê-kolo », en sont la preuve palpable. En effet, des collecteurs de chaussures plastiques, de vêtements défraîchis et de débris de fer parcouraient les rues pour trouver la matière première, notamment les sandales en caoutchouc, les habits inutilisables et les fragments de fer hors d’usage. Certains, pour les revendre aux usines, d’autres, pour les utiliser dans le domaine de la peinture et la décoration. L’actualité de ce nouveau procédé refait surface en Côte d’Ivoire, avec des recettes en plus-value. De nombreuses entreprises l’ont pris en auto-stop. Par exemple, on cite à volonté le recyclage de l’huile de moteur par, au moins, une douzaine de sociétés, qui avec les enjeux, se sont spécialisées dans ce domaine. Elles font la collecte de l’huile usagée dans les stations-service et les garages automobiles. Pendant que ces sociétés tirent des bénéfices du recyclage de cette huile, gouvernants et populations saluent l’initiative. Car, il devient de plus en plus rare de trouver de l’huile de moteur usagée à n’importe quel coin de rue. La nouvelle pratique rend d’énormes services à l’environnement. Outre le moteur automobile, l’immobilier, la décoration et beaucoup d’industries, dont l’agriculture, l’alimentation animale et la volaille, sont devenues tributaires de l’économie circulaire.

Aussi cette nouvelle donne a-t-elle fait germer d’autres idées, notamment le recyclage des déchets ménagers. Jetés auparavant, ils sont maintenant collectés et transformés pour divers besoins. Ce concentré de solutions se retrouve dans ce que l’on appelle l’économie verte. Comme dans la plupart des pays, les enjeux de l’économie circulaire en Côte d’Ivoire sont à la fois environnementaux, économiques et sociaux.

Une aubaine pour les pays pauvres

Pour les pays dits pauvres, l’économie circulaire est une aubaine. Car, ils ont avec ce nouveau procédé, des réserves en plus. Des siècles en arrière nous éclairent sur le début du recours à l’exploitation abusive des ressources énergétiques. En effet, le développement des manufactures marque la véritable première révolution industrielle. L’industrialisation commencée en Grande-Bretagne à partir de la décennie 1770-1780, a fait intervenir les machines à vapeur. Ce processus a un lien avec la Révolution agricole du XVIIIème siècle dans le vieux continent. Pour pallier l’insuffisance de la production de charbon de bois, la houille a servi de combustible. Cette nouvelle source d’énergie s’est propagée à partir de 1820 en Europe de l’Ouest, avec une accélération fulgurante grâce au boom ferroviaire des années 1840. Une trentaine d’années plus tard, l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis d’Amérique, s’engageaient dans une concurrence avec la France et le Royaume-Uni. La Russie et le Japon suivront l’exemple. Inscrits en concurrents de l’industrialisation, ces pays auxquels vont s’ajouter plusieurs autres de la planète vont épuiser considérablement les ressources terrestres. Les énergies éolienne, hydraulique et solaire, vont servir de palliatif pour résorber le manque à gagner. Malgré ce détour, la demande est sans cesse croissante dans de nombreux pays. Les pays pauvres, notamment d’Afrique, qui n’ont pas beaucoup recouru à leur sol et sous-sol, sont dans le viseur des investisseurs qui entendent profiter de la raréfaction des énergies. Avec l’avènement de l’économie circulaire, les pays africains se retrouvent doublement bien lotis. D’abord parce qu’ils peuvent bien gérer leurs ressources énergétiques, ensuite parce que cette nouvelle formule leur permet de créer une autre source de richesses, sans véritablement faire souffrir leur sol et sous-sol.