Entretien avec Yed Toutress Amari, Ingénieur biologiste, à propos de l’infertilité : « Des solutions existent ! »

Le 22 mai 2024, en marge du Sommet des anciens boursiers de la Fondation Merck de Côte d’Ivoire, dans un grand hôtel d’Abidjan, Yed Toutress Amari, ingénieur biologiste ivoirien, s’est penché sur le problème de l’infertilité chez les couples. Il propose des pistes de solutions à prendre en compte dans la recherche de solutions de procréation.

 

Selon vous, qu’est-ce que la fertilité et l’infertilité ?

 

En Afrique, et surtout en Côte d’Ivoire, la fertilité est généralement considérée comme le fait qu’un homme et une femme aient des enfants, voire beaucoup d’enfants. En ce qui concerne l’infertilité en Côte d’Ivoire, cela se réfère à un couple marié qui n’a pas d’enfant.

 

Quelles pourraient être les causes de l’infertilité ?

 

Les causes sont multiples. Elles peuvent être d’origine congénitale ou génitale. Elles peuvent également être liées à des pratiques méconnues, à l’environnement ou à l’utilisation de certaines pratiques culturelles telles que l’excision, une mauvaise alimentation ou des problèmes d’hygiène. Il existe donc de nombreux facteurs qui contribuent à ce que l’on appelle l’infertilité.

 

Pensez-vous qu’aujourd’hui, il existe des pistes de solutions qui peuvent aider les couples à procréer ?

 

Oui, il existe de nombreuses pistes de solutions. J’aime utiliser cette analogie : lorsqu’une personne a une jambe cassée, on lui donne des béquilles ou un fauteuil roulant. Elle s’appuie sur ces aides pour marcher et se déplacer. De la même manière, lorsqu’une personne ne peut pas avoir d’enfants en raison d’une cause connue, comme l’absence de matériel génétique adéquat dans ses spermatozoïdes, il est important de l’aider. On peut prendre ses spermatozoïdes, les injecter dans l’ovocyte de sa femme, puis réimplanter cet ovocyte dans l’utérus de sa femme. L’Inde est très avancée dans ce domaine aujourd’hui. Ces problèmes sont minimes pour les Indiens. Ce sont des problèmes qu’ils peuvent traiter en quelques secondes. Lorsque l’on voit cela, on comprend qu’il y a beaucoup à faire ici, en Côte d’Ivoire.

 

Mais pour cela, il faut une prise en charge de qualité, qui a un coût…

 

Oui, il faut le dire. Ici, c’est un cercle fermé. Aujourd’hui, une femme qui sollicite une assistance médicale à la procréation doit débourser au moins 3 millions de francs Cfa. C’est difficile…

 

Existe-t-il une alternative ?

 

Oui, pour cela, il faut former davantage de personnes et vulgariser ces connaissances, afin que toutes les femmes désireuses d’avoir des enfants puissent accéder à des centres de santé où elles pourront être assistées par des ingénieurs, des techniciens et des médecins biologistes pour concevoir des enfants avec leurs maris. Mais il arrive aussi que les hommes soient infertiles, comme indiqué plus haut.

 

Pensez-vous qu’il y a aussi des solutions pour leur donner de l’espoir ?

 

Il y a beaucoup à faire pour leur donner de l’espoir. Selon les statistiques, sur dix (10) couples, sept (7) hommes sont touchés par le problème de l’infertilité. Il est donc essentiel de les suivre de près. Il faut leur faire comprendre qu’ils doivent se rendre dans un centre de santé pour recueillir leur sperme, évaluer sa qualité et leur donner des chances de procréation. Il faut les accompagner, leur parler. Car la question devient taboue. Comment un homme peut-il se rendre dans un laboratoire et donner son sperme, sa semence secrète ? Pourtant, s’il est malade, il faut l’aider. Ce traitement a un coût et des avantages. Il est donc important que les autorités prennent cela à cœur, afin que tous les hommes confrontés à ce problème puissent être satisfaits. Cela représente des millions de francs Cfa. 

Cependant si un homme rencontre ce problème et n’a pas les moyens financiers, le coaching peut être une solution. Il s’agit de lui apprendre comment il doit manger, ce qu’il doit manger, quelles sont les épreuves physiques qu’il faut faire, quelle est même la position qu’il doit prendre avec sa femme etc…

 

Etes-vous en train d’affirmer réellement qu’il existe des positions spécifiques que les couples doivent adopter pour concevoir des enfants ?

 

Il y a effectivement des positions dont on ne connaît pas toujours l’importance. Pour un homme, il peut sembler évident d’avoir des rapports avec sa femme sans pour autant réussir à concevoir un enfant. Mais il existe des positions spécifiques à suivre. Lorsqu’on souhaite avoir un enfant, cela devient tout un rituel. Outre les rapports sexuels, l’alimentation, l’attitude physique, l’exercice et même la manière de se rapprocher de sa femme jouent un rôle important. Ce sont des conseils que l’on peut donner aux gens, afin qu’ils se sentent bien et augmentent leurs chances de concevoir un enfant.

 

Par Frimo D. Koukou 

 

  • La bonne nouvelle

 

Selon l’expert, les causes de l’infertilité peuvent être diverses, allant de problèmes génétiques ou anatomiques à des pratiques culturelles néfastes, en passant par des facteurs environnementaux et des problèmes d’hygiène. Il est donc essentiel de prendre en compte ces différents aspects lors de la recherche de solutions pour résoudre le problème de l’infertilité, qui est si coûteux.

Heureusement, il existe de nombreuses pistes de solutions pour aider les couples à concevoir. Si l’infertilité est causée par un problème connu, comme un faible nombre de spermatozoïdes, il est possible d’aider le couple en utilisant des techniques de procréation assistée, telles que la fécondation in vitro. Des pays comme l’Inde sont très avancés dans ce domaine et la Côte d’Ivoire devrait s’en inspirer. 

Et pour remédier à cette situation onéreuse, la nécessité de former davantage de professionnels de la santé et de sensibiliser la population, afin que toutes les femmes qui souhaitent avoir des enfants puissent accéder à des centres de santé offrant des services d’assistance à la procréation. Quant aux hommes, ils peuvent également être confrontés à des problèmes d’infertilité. Il est donc important de les soutenir et de les accompagner dans leur recherche de solutions contre l’infertilité.

Toutefois, la bonne nouvelle reste la mise en avant de l’importance d’une approche globale pour résoudre le problème de l’infertilité ainsi que la prise en compte des facteurs génétiques, anatomiques, environnementaux et culturels. La bonne nouvelle, c’est aussi la proposition de solutions telles que la procréation assistée. Tout en ayant l’espoir de rendre les traitements plus accessibles financièrement et de soutenir les couples tout au long de leur parcours.

 

Frimo K.D

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