Quand des candidats rusent avec les populations

Si les populations vulnérables sont heureuses de recevoir des dons pour leur mieux-être, il n’en demeure pas moins que, souvent, les circonstances dans lesquelles elles les reçoivent, donnent lieu à de nombreuses interrogations. Pourquoi maintenant ? Dans quel état d’esprit ces dons sont-ils faits ? Qu’attend le donateur en retour ?

 

Autant de questions que l’on entend régulièrement sur les lieux des cérémonies de remise de dons ou d’inauguration d’édifices, à la veille d’une élection. Bien malin qui y répondra avec exactitude. Mais à l’analyse, le bienfaiteur du jour, à travers ce geste, tente de cacher son intention principale : forcer l’estime de ceux qu’il a en face.

 

Se décider à penser aux autres à seulement quelques jours d’une élection, à laquelle l’on est candidat, c’est faire preuve d’une hypocrisie suicidaire. Parce que pour avoir les mains chargées, il aurait fallu être informé, par quelqu’un, des problèmes et autres besoins de ses concitoyens. Et ce n’est pas sûr qu’il ait été saisi de ces besoins juste à la veille des votes.

 

A ce propos, on le sait. Rien n’est fait dans la précipitation, encore moins au hasard. Élus et potentiels candidats sérieux se donnent le temps et les moyens de s’imprégner des réalités du terrain. De sorte à ne paraître, ni donner l’impression de ruser avec les électeurs. Celui-là se distingue nettement des autres, pour en avoir l’habitude doublée d’un contact régulier avec les (futurs) administrés.

 

Quand ceux ou celles qui rusent et qui jouent avec l’intelligence des autres, attendent patiemment tous les 5 ans pour se manifester. Dans l’espoir inavoué de se faire élire au poste convoité. Comme si les populations n’ont de soucis que chaque quinquennat. En réalité, ces candidats rusent avec l’avenir des populations. Faire un don, régler un problème vital tel un forage, offrir des médicaments ou encore des tables-bancs, seulement lorsqu’il y a élection est suicidaire.

 

Or, ces hommes et femmes n’en ont cure. Il faut plaire et se faire élire. Voilà ce qui guide leurs actes sporadiques. Ils choisissent la période électorale pour se faire voir, s’exhiber et même promettre l’irréalisable. A l’occasion, on embouche de belles paroles à vouloir tenir juste après la victoire.

 

« Si vous votez pour moi, je vais faire ceci, je vais faire cela », etc. Comme ça a été le cas lors de la campagne pour les élections locales du 02 septembre 2023 en Côte d’Ivoire. Ils font des dons, ils inaugurent des réalisations, partout dans les localités du pays, afin de faire croire que cela se multipliera une fois qu’ils seront élus.

 

Le terrain se prépare à l’avance

 

C’est de bonne guerre. Ceux des candidats qui agissent ainsi, profitent de l’ignorance des populations concernant l’exécution du budget communal. Notamment en ce qui concerne « le principe d’annualité » tel qu’expliqué par feu Parfait Gohourou, Préfet hors grade, dans son ouvrage intitulé « Pour mieux comprendre l’institution communale ivoirienne », page 107.

 

Selon lui, « le principe d’annualité signifie que le budget de la commune doit être voté et exécuté chaque année ». Précisant que « l’exercice budgétaire de la commune coïncide avec l’année civile. Ainsi, l’exécution des dépenses et des recettes doit s’effectuer entre le 1er janvier et le 31 décembre de chaque année ».

 

Dès lors, les problèmes recensés au travers d’un processus participatif des conseillers municipaux, représentants des populations de la localité donnée, secteur par secteur, auraient pu trouver solutions des mois avant les joutes électorales.

 

C’est-à-dire qu’à travers un mécanisme de surveillance des sollicitations et de leurs suites, ces administrés pouvaient savoir à quel moment ils trouveraient réponses à leurs requêtes. Cela ne peut être possible qu’avec la complicité saine des conseillers municipaux.
Mais dans la plupart des cas, ces derniers ne jouent pas pleinement leur rôle de veille et de sensibilisation des populations sur ce dont elles ont droit dans la gestion des affaires de leur localité.

 

Ainsi des dons supposés répondre à leurs aspirations au moment précis où elles en ont besoin, sont-ils offerts à un autre moment où beaucoup de personnes qui en avaient besoin, ont déjà subi les conséquences du manque sollicité. Médecin après la mort. Si bien que les bénéficiaires qui n’en espéraient plus, sont étonnés de la brusque gentillesse de ceux qui ne pensent, en réalité, qu’à leurs seuls et propres intérêts. Ils ne sont pas prêts pour d’autres personnes.

 

Ces bienfaiteurs occasionnels ne se gênent même pas de regarder les populations dans les yeux, pour leur tenir des discours mirobolants. A l’idée de croire qu’on a en face des nécessiteux. Il faut donc leur servir et leur offrir ce pour quoi ils sont là ; promesses et dons, ils ne cracheront pas dessus. Peu importe la circonstance.
Alors que ces mêmes populations ont exprimé leurs besoins depuis plusieurs mois, quelquefois depuis les précédentes périodes électorales, où leurs interlocuteurs ont candidaté pour des postes électifs.

 

Par conséquent, il serait indiqué que l’élu(e) commence à soutenir ses administrés sur toute l’année, conformément au principe de l’annualité comme défini plus haut. De sorte à éviter toute suspicion du genre liée aux actes de bonne volonté à l’endroit des populations, parfois mal interprétés. C’est la preuve que le choix de la veille d’une élection pour jouer au Père Noël, n’émeut plus personne. Au contraire, le donateur devient la risée et l’on s’en moque sous cape. Il faut donc accepter de se fondre dans la population, vivre ses réalités, souffrir avec elle, partager ses joies…

 

À ce seul prix, l’ambition sera mieux inspirée et le résultat sera atteint. Parce que l’on a préparé le terrain pour la victoire depuis des mois, ensemble avec les populations.

Par Frimo K.D.

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