Des spécialistes de la justice réparatrice reconnaissent que les pratiques de justice réparatrice visent souvent à permettre aux victimes de révéler leurs histoires et de « prioriser leurs besoins tels que besoins de l’information, besoins émotionnels, compensation, besoins de protection, manque de participation et besoins pratiques. Quant aux besoins pratiques des victimes, ils surviennent généralement immédiatement après le crime. Le besoin d’information est le besoin le plus fréquent des victimes. Par exemple, les victimes souhaiteraient des informations concernant le suivi de leur dossier. La victime ou le survivant cherche des informations pour mieux comprendre la victimisation. Fondamentalement, ce besoin est émotionnel. Il s’agit d’une stratégie d’adaptation ; une façon de faire face à la victimisation. La guérison de la victime peut prendre de quelques jours à quelques années, selon la gravité de la blessure psychologique et le traitement reçu immédiatement après le crime.
Après avoir été victimisée, la victime peut avoir peur et se sentir vulnérable. Certaines victimes craignent surtout leur agresseur. Ils craignent les représailles. Pour certaines victimes, la liberté est perdue ainsi que le sentiment de sécurité. Plusieurs études ont montré que les victimes se sentent exclues du système de justice et veulent y jouer un rôle actif ou passif. La participation active implique qu’elles veuillent prendre les décisions et faire les demandes. La participation passive implique qu’elles veulent être consultées et informées sans être responsables des décisions.
En considérant les victimes comme la partie importante du processus, les pratiques de justice réparatrice reconnaissent leurs rôles dans la résolution des conflits et « amènent les victimes à devenir des parties prenantes du processus de justice dont les besoins sont la principale préoccupation de la justice ». Par conséquent, comprendre les besoins des victimes peut conduire à traiter de manière adéquate les conséquences d’actes illicites. La justice réparatrice vise également à donner aux communautés les moyens de résoudre les conflits. En ce sens, cela signifie la responsabilité de la communauté de faire face aux effets des injustices et d’empêcher leur répétition.
Dire qu’une commission vérité et réconciliation est centrée sur la victime, c’est porter un jugement sur la direction des activités visant à découvrir la vérité. Cela ne signifie pas que la commission est dirigée par les victimes ou qu’elle est établie pour servir leurs intérêts. Ce modèle contraste avec les CDVR centrées sur le crime, qui sont souvent critiquées pour utiliser les témoignages des victimes pour établir les crimes et l’identité de leurs auteurs, risquant ainsi de ne pas transformer une communauté fondée sur l’exclusion et la répression dans une communauté plus juste. En effet, le modèle centré sur la victime ne se soucie pas seulement de la dignité des victimes et du respect qui leur est dû, il vise aussi et surtout la transformation. C’est en ce sens qu’il met en œuvre la justice réparatrice.