- « Nous proposons un prix attractif »
La situation des producteurs du cacao ivoirien est préoccupante. Au point où le Syndicat des agriculteurs de Côte d’Ivoire (Sya-CI) donne de la voix. Son président, Guy Mao, fait des propositions pour sortir ses collègues producteurs des difficultés du moment.
Bonjour monsieur, nos lecteurs seraient enchantés de faire votre connaissance. Qui êtes-vous à l’état civil et professionnel ?
Je voudrais, pour commencer, vous dire merci pour l’opportunité que vous nous offrez de nous exprimer et de donner notre point de vue concernant la vie de notre filière. Je suis Guilahou Marcel Olivier, président du Syndicat des agriculteurs de Côte d’Ivoire (Sya-CI) et agriculteur engagé dans la production de cacao.
Pouvez-vous décrire les conditions de vie des producteurs de cacao en Côte d’Ivoire ?
Malgré l’importance du cacao dans l’économie ivoirienne, de nombreux producteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils rencontrent de grandes difficultés pour scolariser leurs enfants et pour accéder aux soins de santé. Ce manque de ressources compromet non seulement leur avenir, mais aussi celui de leurs familles.
Quelles sont les principales raisons de la fuite du cacao et comment cela affecte-t-il les producteurs, selon vous ?
Premièrement, la raison principale de la fuite du cacao est l’écart de prix entre les pays producteurs. Dans des pays voisins comme le Ghana ou le Nigeria, les prix proposés aux producteurs sont souvent plus attractifs. Cette situation crée une incitation naturelle pour les producteurs de Côte d’ivoire à y vendre leur production. Deuxièmement, il y a les modalités de paiement qui jouent également un rôle crucial. Vous savez, un paiement rapide et en espèces est généralement plus attractif qu’un paiement différé. Ce qui pousse certains à se tourner vers des acheteurs non officiels, qui eux paient cash. Par ailleurs, la proximité des frontières facilite le transport illégal du cacao, rendant la situation encore plus problématique.
Il y a aussi que l’état des routes dans certaines sous-préfectures complique l’accès des producteurs aux centres de collecte officiels, les obligeant souvent à vendre leur cacao à des intermédiaires. Cela les expose à des risques juridiques et compromet leur sécurité financière. Cette fuite a également des conséquences sur notre économie nationale, entraînant une perte significative de revenus fiscaux, car l’État ne peut percevoir les taxes sur ces exportations illégales.
Quelles mesures votre structure propose-t-elle pour lutter contre la fuite du cacao ?
Nous proposons plusieurs mesures pour améliorer la situation. Parmi ces mesures, il y a l’amélioration des conditions de vie des producteurs. Il faut offrir un prix plus compétitif pour le cacao, afin d’inciter les producteurs à vendre légalement. Il leur faut aussi avoir accès au crédit, afin que les producteurs puissent investir dans leurs exploitations et améliorer leurs rendements.
Nous suggérons à l’Etat Côte d’Ivoire d’Investir dans les infrastructures : améliorer les routes et les infrastructures de transport pour faciliter l’accès aux centres de collecte officiels.
Notre syndicat propose un soutien aux coopératives. Il faut renforcer les coopératives, afin de donner plus de pouvoir de négociation aux producteurs et d’améliorer la qualité du cacao.
Enfin, il faudra penser à des accords régionaux. Les pays producteurs devraient s’accorder sur un prix plancher pour le cacao, afin de réduire les écarts de prix et de garantir des revenus stables aux producteurs.
Comment évaluez-vous le prix d’achat du cacao par rapport au coût de production ?
Les coûts de production sont en constante augmentation, notamment en raison des prix élevés des intrants comme les engrais et les pesticides, ainsi que des coûts de la main-d’œuvre. Le prix d’achat proposé est souvent insuffisant, ce qui place les producteurs dans une situation financière précaire.
Quelles actions le syndicat envisage-t-il pour améliorer le prix d’achat du cacao pour les producteurs ?
Le syndicat prévoit plusieurs actions, notamment : les négociations avec les autorités. Il est crucial que les autorités acceptent de dialoguer avec les syndicats pour examiner nos propositions. Une démarche qui passe nécessairement par l’union des syndicats. Nous encourageons tous les syndicats à se rassembler pour parler d’une seule voix et renforcer notre pouvoir de négociation.
Y a-t-il des initiatives en cours pour établir et proposer au gouvernement de votre pays un prix minimum garanti pour le cacao ?
Nous prévoyons d’approcher les autorités pour leur soumettre nos propositions de prix minimum garanti. Nous souhaitons également rencontrer d’autres syndicats pour renforcer notre position collective.
Comment le syndicat envisage-t-il de mobiliser les ressources nécessaires pour mettre en œuvre ces propositions ?
Nous misons sur la négociation et l’union des syndicats d’agriculteurs pour faire entendre nos voix et porter haut nos propositions. La solidarité entre producteurs est essentielle pour obtenir des résultats concrets. Merci encore pour l’opportunité que vous nous avez offerte.